Préface

SOUVENIRS DE MADELEINE WEIL-LESTIENNE ARTISTE PEINTRE

(1905-1994)

PREFACE

Voici un recueil de souvenirs, ceux que nous livre Madeleine  Weil-Lestienne, de son enfance jusqu'au milieu de sa vie. Il s’agit là d’un récit plutôt qu’une biographie précise et exhaustive. On retrouve donc, dans ces écrits dictés, son vécu avec ses émotions : joies, peurs, exaltations, déceptions … Les phrases, les mots, reflètent la personnalité de l’auteure, je dirais même, ses défauts et ses qualités. Elle ne cherche pas à impressionner ou mettre en scène mais épanche, parfois avec fougue, ce que recèle sa mémoire près de 80 ans plus tard. Le seul filtre est celui du temps qui érode certains détails au profit des moments forts.

C’est tout l’intérêt de cette lecture ; on y découvre un esprit transcendé par le visuel : les couleurs et les formes sont la trame de sa mémoire et omniprésentes dans le récit. Gardant cela à l’esprit, on comprend mieux pourquoi le dessin et la peinture furent le moyen de communication par excellence de Madeleine. Un peu comme l’autiste qui trouve le canal, l’outil lui permettant de se faire comprendre.

La petite fille heureuse, puis l’adolescente fut magnifiquement comprise par sa famille qui su quelle serait la voie de son épanouissement. Ce fut la chance de Madeleine et le terreau qui lui permit de mettre en lumière ce don d’observation et de restitution.

Sans transiger avec l’histoire, j’avoue que j’ai du reformuler, voire reconstruire des morceaux du texte pour le rendre compréhensible au lecteur. Comme Madeleine le reconnaît, le français n’était pas sa matière de prédilection mais ses autres talents font oublier cette lacune. J’ai à présent le privilège de proposer à sa famille, ses amis, ses admirateurs, la genèse de ce qui permit à ma grand-mère de devenir l’artiste talentueuse que l’on connaît.

Je l’ai connue non comme une mamie «gâteau» mais comme une peintre passionnée, impressionnante par sa personnalité un peu excentrique mais aussi par le feu qu’elle mettait à nous raconter l’art et ses "mystères" à ma sœur, mon frère et la petite fille que j’étais alors. J’ai vu et admiré de toute mon âme, ce grand atelier de la Butte aux Cailles, respiré l’odeur de la peinture à l’huile, exploré les recoins poussiéreux de cet intérieur magique à mes yeux d’enfant et surtout je restais de longs moments fascinée par toutes ces toiles, imposantes, petites, moyennes, juste à ma hauteur ou perchées dans les hauteurs de l’immense plafond, nées de la maîtrise de la lumière, de l’ombre et des couleurs.

Puis j’ai appris aussi l’enfance de ma mère Claudine, adoptée juste après la guerre à l’âge de 4 ans par ce couple d’artistes, héritant d’une grande sœur, ma tante Lisbeth, ainsi que ses peines d’enfant sensible et bien des fois frustrée mais aussi ses joies dans la musique, son violon, le Conservatoire National Supérieur de Paris.

Enfin, plus tard, je découvre «Les souvenirs de Madeleine»… Pénétrant dans ce recueil comme dans une ancienne demeure, j’ai lu, découvert tout un pan de vie de celle que j’ai connue quelques années comme une dame âgée. Avançant aujourd’hui vers la maturité, je fais la synthèse de ces échos du passé et refais connaissance avec la peintre et la femme qu’elle fut tout en permettant à d’autres de comprendre ce qui fit d’elle une grande artiste. Alors plongez-vous dans ce siècle précédent, cette histoire singulière qui nous en apprend aussi un peu plus sur notre propre Histoire.

CL

Madeleine à Ecaillon chez ses grands-parents (Par Lucien Weil)

Madeleine à Ecaillon chez ses grands-parents (Par Lucien Weil)