Les trois amies

Trois commerçants de la rue avaient des petites filles du même âge que moi : donc entraide pour les mener au collège, de l’autre côté de la Scarpe (avec ses péniches, ses chevaux et le pont-levis). Le soir un solide garçon de course nous ramenait avec sa bicyclette en mettant sur le cadre nos cartables. Marcelle et moi entre le guidon et la selle où l’on perchait la petite Zonzon (la brunette juive du bonnetier). Une plus âgée sautait parfois sur la pédale. Avec les pavés, les bords de trottoirs, les caniveaux... Ce moyen de transport, qui pourtant a existé, me semble invraisemblable.

Au centre du magasin il y avait un grand escalier de métal ajouré, un palier en plaques de verre épais pour aller au premier. Nous y étions des fées ayant montagnes, Paradis même et la mer sur le vert du verre.

Tout au fond du rez-de-chaussée, mes parents avaient leur cuisine plus une petite cours couverte mais pour le coucher il fallait rejoindre, éclairés d’une lampe pigeon, la chambre du deuxième étage mansardée. On traversait le grenier plein de marchandises - fleurs et couronnes mortuaires en celluloïd – les recommandations du papa ajoutant à la peur .

En août 1914 j’avais 9 ans et j’étais à Péronne…donc à suivre.

Nos jeux d'avant 1914

Nos jeux d'avant 1914