MADELEINE WEIL-LESTIENNE

BIOGRAPHIE - SOUVENIRS

Le magasin de Douai

Douai

J’ai parlé facilement des jours d’été à Péronne – heureuse admiration – mais Madeleine était la fille unique de « Petit-Père » (Charles Lestienne ndlr), commerçant en porcelaines et cristaux dans la rue principale de Douai. Comme elle ne sait que regarder, je dirai ce qui passait dans cette rue.

Le tramway circulait tout au long de la journée, de la gare à la place d’armes. Gros, bruyant, coloré de verts wagons ! Les rails étaient tout près de notre trottoir, les câbles, le trolley près des fenêtres du premier étage. La rue est pavée, et en face se trouve un estaminet. De gros chevaux, les mêmes qu’a peint Rubens, apportaient les tonneaux de bière. Il y a le cinéma, ses affiches et sa sonnerie. Là, j’ai vu le premier film « Les misérables » : Jean Valjean soulevant la charrette !

Les jours de fête, notre superbe régiment de cuirassiers défilait avec les clairons, le rouge, les cuivres or, les chevaux, environnés de rumeurs tragiques, les défilés de foules, ouvriers, mineurs et drapeaux rouges.

Il y a une beauté à parler des couleurs de la lumière du gaz ; l’oncle de mon papa avait été le directeur du gaz de la ville de Douai. J’ai la photo de cet oncle et je suis fière de lui ressembler.

Le magasin

Au milieu du magasin il y avait un grand lustre de cuivre, une lampe avec un manchon, un vaste abat-jour vert pâle. Au dessus de l’importante table, des « becs papillons » pour l’éclairage et moi, en de moindres endroits, je restais longuement à regarder.

Derrière la vitrine, d’épaisses et hautes glaces sans tain soutenaient les objets à présenter. Les passants se reflétaient de bas en haut sur leur surface de dessous. Il était très intéressant d’observer le rythme, le mouvement, les pieds, les sabots des chevaux, le bas des jupes à l’envers, marchant comme au plafond sur pierres et pavés.

A suivre...

La vitrine

Face au magasin