MADELEINE WEIL-LESTIENNE

BIOGRAPHIE - SOUVENIRS

Camp du Stalag III

De la mobilisation à la libération

Lors de l’été 1939, Lucien et Madeleine Weil sont en vacances à Erquy, station balnéaire de la Côte d’Emeraude. C’est à ce moment-là, le 2 septembre 1939, que l’artiste est mobilisé. Blessé le 21 juin 1940, il est fait prisonnier de guerre au Stalag III A à Luckenwald, près de Berlin. Il travaille alors l’aquarelle et réalise une bonne vingtaine de portraits de ses compagnons d’infortune et de scènes de la vie quotidienne. Ces aquarelles sont autant de témoignages de la vie du camp de Luckenwalde et comme l’écrit justement Paul Cuisinier : « Ils soutinrent moralement ces même prisonniers de guerre en les obligeant à toujours rester dignes de leur image » (« Hommage aux artistes anciens combattants prisonniers de guerre », 7 mai-3juin 1965 Paul Cuisinier).

Parmi ces aquarelles, « L’étudiant en théologie » représente Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) qui était un théologien protestant allemand mort en camp de concentration, à Flossenbürg (Haute-Bavière). Quant à la scène présentant un duo de musiciens, le violoncelliste n’est autre qu’André Navarra (1911-1988), musicien et pédagogue français de renommée mondiale, emprisonné dans le même camp de Lucien Weil.

Durant cette période d’emprisonnement, l’artiste collabore aussi à la réalisation d’un journal satirique « Le Masque à gaz. Journal humoristique et peu sérieux paraissant irrégulièrement deux fois par mois ». On y retrouve Lucien Weil au travers de caricatures exécutées à la plume et à l’encre.

En 1941, il est rapatrié sanitaire à l’hôpital militaire de Vichy. Démobilisé à Clermont-Ferrand à la fin du mois de juillet de la même année, il se réfugie en Auvergne en zone libre. Sa femme et sa fille Lisbeth le rejoignent. Il y continue son activité de peintre et travaille pour divers commanditaires, réalisant notamment des fresques dans les églises de la région. Du 17 décembre 1941 au 1er janvier 1942, il expose ses toiles, portraits, figures et paysages d’Auvergne, ainsi que ses aquarelles du Stalag à la Galerie Lorenceau de Vichy.

A partir de 1943, lorsque la zone libre est supprimée, il prend une fausse identité et devient Lucien Walon. A plusieurs reprises, il change d’adresse pour fuir le régime nazi. Du 23 mars au 3 avril 1945, il expose quelques-unes des œuvres réalisées en Auvergne aux Nouvelles Galeries d’Aurillac. Il ne reste que peu de toiles disponibles de cette période, l’artiste ayant vendu l’essentiel de sa production à ce moment-là.

En 1946, il expose encore quelques paysages d’Auvergne à la Galerie Aktuarius de Strasbourg. Marc Lenossos dira de l’artiste qu’il « restitue avec bonheur la richesse colorée, souvent agressive de l’Auvergne, avec ses violets d’améthyste, ses verts « grinçants » et frondaisons sanguinolentes d’automne ».

A suivre ...

Les musiciens

Auvergne en hiver

Lisbeth à la fenêtre