MADELEINE WEIL-LESTIENNE

BIOGRAPHIE - SOUVENIRS

La Charité

Le prix de Rome

Dès 1925, Lucien Weil devient logiste numéro un pour le Concours National de Rome de Peinture. Mais il échoue par manque d’expérience picturale. L’année suivante, il est à nouveau logiste numéro un et son ami Alfred Giess est également admis en loge. C’est en 1926, à l’âge de 24 ans, que Lucien Weil est second Grand Prix de Rome. (Cette année-là il n’y eu pas de Premier Grand Prix, mais deux second Grands Prix attribués à Lucien Weil et Alfred Giess, tous deux alsaciens).

Petit aparté concernant le Prix de Rome : Ce concours fut institué en 1663 par l’Académie. La tradition de celui-ci, qui fut pendant trois cent vingt ans l’un des événements majeurs de la vie artistique française, pris fin lors des événements de mai 1968. Il permettait de sélectionner les étudiants qui séjourneraient à l’Académie de France à Rome. Parmi les différentes spécialités de ce concours, sculpture, architecture, estampe, composition musicale et peinture ; celle-ci étant sans aucun doute la plus prestigieuse. Pendant plusieurs siècles, obtenir le Grand Prix de Rome dans la catégorie peinture d’Histoire était le plus grand des honneurs, aussi bien en France qu’à l’étranger. Les concurrents dans cette catégorie devaient représenter des sujets inspirés de l’Histoire, généralement antique, de la Bible ou de la mythologie.

Chaque année, l’académie organisait un nombre important de concours à l’intention de ses élèves. Le concours était considéré comme un système démocratique par excellence. Outre les divers diplômes et médailles, les concours décidaient quels étudiants seraient admis à l’Ecole, à quels ateliers ils pourraient participer et même où ils prendraient physiquement place dans la classe. De toute la série de concours, le Prix de Rome était le plus complexe et le plus prestigieux.

Le Lundi 27 mars 1926 au soir, le professeur de Lucien Weil, Jean-Pierre Laurens (1875-1933), écrit à son élève pour lui annoncer qu’il a obtenu le second Grand prix de Rome pour son œuvre « La Charité » : « Mon cher Weil, votre tableau est passé cet après-midi. Il a obtenu le numéro 2, comme celui de Giess. Les qualités qu’il contient me touchent particulièrement. J’y vois un profond amour de la vérité. J’y vois aussi des imperfections dont j’aurai à vous parler, mais qui ne m’inquiètent pas pour la marche de vos progrès. Quand vous écrirez à votre chère Mère, dites-lui que votre Maître est content. Allons, mes deux élèves alsaciens sont sur la bonne route. Je leur serre la main à tous les deux. Jean-Pierre Laurens »

« La Charité » est actuellement conservée au musée d’Unterlinden de Colmar. L’œuvre a été enregistrée à titre de don en 1975. On note effectivement quelques imperfections notamment dans le traitement de la Vierge dont le cou et les mains ont un côté tès masculin. Mais rappelons que seule la présence de modèles masculins était autorisée dans les loges.

Puis en 1920, 1930 et 1931 c’est le Prix Roux qui récompense notre artiste, tant pour la peinture que pour la miniature et l’enluminure. En 1930, lui échoit encore le prix Marie Bouland de l’Institut de France juste avant son mariage avec Madeleine Lestienne (1905-1994), charmante camarade de l’Atelier de Jean-Pierre Laurens. Cette élève douée, née à Douai en 1905, a été décorée de la médaille d’argent au Salon, lauréate de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts, elle a obtenu le Prix Roux de l’Institut et le Prix Baskirtsteff. Elle se plaît à peindre, entre autre, des intérieurs, à la manière des Flamands, et est attirée par les scènes d’intimité et les jeux de lumière sur les bons vieux meubles de son entourage. Madeleine Weil-Lestienne, professeur de dessin de la Ville de Paris, est la compagne idéale, compréhensive et dévouée qui concourt à l’épanouissement de son mari. Ensemble, ils élèveront leurs deux filles, Lisbeth et Claudine qui seront souvent leurs modèles.

Si Lucien Weil expose régulièrement au Salon des Artistes français dès 1925, ainsi que dans différentes galeries françaises, il se présente tout aussi régulièrement au public alsacien. Au fil des années, dans différentes Galeries de Colmar, au Musée des Beaux-Arts de Mulhouse ainsi qu’à la Maison d’Art Alsacienne et à la Galerie de la Société Industrielle. Il expose aussi à de nombreuses reprises à la Galerie Aktuaryus de Strasbourg. Ces expositions alsaciennes, auxquelles il associe parfois son épouse Madeleine, sont à chaque fois des expositions d’envergure et de qualité présentant entre trente et quarante œuvres. Lucien Weil met un point d’honneur à ne pas décevoir son public alsacien.

A suivre ...

Lisbeth

Claudine