MADELEINE WEIL-LESTIENNE

BIOGRAPHIE - SOUVENIRS

Le bateau échoué Erquy

Julien Costaouec

Alsacien d'origine mais breton d'adoption

Madeleine réside à Erquy avec sa fille et ses parents durant la première année du conflit. Ils participent à la vie du bourg et organisent des cours pour les enfants des réfugiés. En 1945, Lucien Weil expose ses œuvres aux côtés de celles de Léon Hamonet (1877-1953) et d’André Gagey (1888-). Comme Lucien Weil, Léon Hamonet et André Gagey sont des artistes complets. Tous trois ont une prédilection pour les vues du port d’Erquy qu’ils déclinent à l’infini, tantôt à l’huile ou à l’aquarelle.

A partir de ce moment-là, le couple et leurs deux filles, Lisbeth et Claudine, résident chaque année à la belle saison près du port.

L’artiste couche sur la toile un grand nombre de portraits des habitants d’Erquy et de marines aux lignes simples et aux coloris sonores et harmonieux. Les portraits de marins au regard buriné et sévère contrastent avec les portraits d’enfants, plus chauds et parfois souriants.

Lucien Weil reste également très attaché à l’Alsace. Dans ses tableaux, les références à sa région natale sont nombreuses. Qu’il s’agisse de natures mortes dont les éléments de la composition sont typiquement alsaciens : vaisselle de Betschdorf, fruits (raisins, coings, …), mobilier ou de portraits, comme « L’Alsacienne », une huile sur toile qu’il réalise après la guerre et qui est exposé aujourd’hui dans la salle du Conseil de la mairie de Biesheim.

« Le Bûcheron de Belchental » est un portrait d’un réalisme saisissant que l’artiste a peint lors d’un de ses séjours en Alsace. En effet, il a rencontré ce bûcheron dans une auberge qu’il fréquentait avec son ami Alfred Giess. Par la suite, cette œuvre brossée en pleine force et avec une totale maîtrise, a été publiée dans l’Almanach d’Alsace, en 1961.

Lucien Weil noue de solides attaches dans la commune d’Erquy, jusqu’à sa mort à l’hôpital de St Brieuc en 1963. Le 3 avril de cette année, à l’âge de 61 ans, pris d’un malaise cardiaque, il décède quelques heures plus tard. Il est enterré à Viroflay, près de Paris. Son épouse, fidèlement, vient séjourner et peindre à Erquy durant les mois d’été jusqu’en 1994, année où elle s’éteint à l’âge de 89 ans.

Après le décès de Lucien Weil, les galeristes alsaciens lui rendent hommage lors de deux expositions. Du 30 novembre au 12 décembre 1963, la Galerie Huffel propose une sélection de tableaux peins durant les deux années qui ont précédé la brusque disparition de l’artiste. « Cette très belle exposition (…) permettra à tous ceux qui ont connu Lucien Weil de le retrouver, à travers ces quelques toiles, tel qu’ils l’ont connu : heureux de vivre, heureux d’évoquer la vie grâce à son immense talent » (Dernières Nouvelles d’Alsace, 3 décembre 1963). La Galerie Aktuaryus, quant à elle, lui consacre une exposition rétrospective du 4 au 17 mars 1965. On lira dans la presse régionale : « (…) C’est aussi beaucoup de lui-même qui revit ici, sans rupture, sans vains appels du pied, tout simplement parce que c’est un héritage d’amitié fervente qu’il nous a laissé à tous, hélas trop tôt » (« A la Galerie Aktuaryus Lucien Weil » Roger Kiehl, 1965).

A Biesheim, une rue prend le nom de l’artiste. En effet à l’initiative de l’Académie d’Alsace, dont Lucien Weil était membre titulaire de la section des Beaux-Arts depuis 1956, l’ancienne rue des Juifs devient rue Lucien Weil le 27 septembre 1964. Une cérémonie est organisée conjointement par la municipalité de Biesheim et l’Académie d’Alsace. Entre autres, sont présents Alfred Giess, artiste peintre et membre de l’Institut ainsi que Madeleine Weil-Lestienne veuve de l’artiste. Si Alfred Giess évoque, dans son allocution, leur jeunesse commune en une suite d’anecdotes, il rappelle aussi l’acharnement, la passion et l’obstination qui animaient Lucien Weil, son ami de toujours.

A suivre ...

L'appel du large

Enfant rêveur

L'alsacienne

Lucien Weil en 1961

A Biesheim, ville natale du peintre